
« Aime les autres comme toi-même » (Jn 12, 31)
Au cours des dernières semaines de l’année liturgique, l’Église nous invite à réfléchir sur le thème de la fin des temps, une réflexion qui unit celle que nous pouvons faire à l’occasion de la célébration de la fête de la Toussaint et celle des fidèles défunts, qui nous poussent à nous souvenir de notre propre finitude. La mort est un sujet que notre société néglige souvent, essaie de laisser de côté ou, pourrait-on dire, qui nous agace ou nous angoisse. En fait, il est tout à fait naturel que le fait de savoir que nous traversons ce monde puisse nous causer de l’anxiété et même un certain sentiment de futilité de tout cela. Nous, les croyants, avons cependant une vision légèrement différente. Pour nous, la vie – depuis le moment où elle commence jusqu’à sa fin – est un don de Dieu qui doit être vécu avec gratitude, avec joie et surtout avec espérance. L'espérance, car au bout du chemin nous attend la rencontre avec le Seigneur et, certainement, aussi le jugement, le bilan de ce qu'a été notre vie ; le moment d’évaluer si nous l’avons vécu uniquement centré sur nous-mêmes ou si nous l’avons vécu dans la double perspective de l’amour : envers Dieu et envers les autres.
Le Christ a résumé les commandements de la loi de Dieu – le Décalogue que Moïse a recueilli et qui, en fait, coïncide avec toute autre règle de coexistence qui aurait pu être établie à n’importe quelle époque – en deux grands préceptes, tous deux fondés sur l’amour. Aimer donne du sens à la vie ; mépriser, rejeter jusqu'à haïr, le vide de tout sens. L’amour est un sentiment personnel qui, en tant que croyants, doit guider notre vie, notre quotidien, au point de nous permettre de faire, au bout du compte, une évaluation positive de notre capacité à aimer. « L’après-midi, ils vous testeront en amour. » « Apprenez à aimer comme Dieu veut être aimé et laissez votre condition derrière vous », écrivait saint Jean de la Croix (Dictons de lumière et d’amour, 60). Car pour nous, il n’y a pas d’amour pour Dieu s’il n’y a pas d’amour pour nos frères et sœurs, et la source de l’amour pour les autres est l’amour de Dieu et pour Dieu.
L’amour est ce qui nous donne la paix. Avoir aimé et été aimé par Dieu et par les autres change grandement la perspective avec laquelle nous pouvons aborder notre propre finitude dans ce monde. Cela change la manière dont nous pouvons finalement aborder la réalité d’une vie qui, par la foi, nous croyons, est projetée vers une autre vie pleine et définitive dans le Royaume de Dieu. L’amour élargit la perspective à partir de laquelle nous contemplons notre vie, la remplit de sens et la projette vers l’infini.
Notre amour est toujours limité, l’amour de Dieu est infini ; La vie sur terre est limitée, la vie que le Christ a gagnée pour nous par sa mort et sa résurrection est éternelle.
+ Frère Octave,
évêque de Gérone