Quelques lettres de l'évêque (17 novembre) : Ses élus, qui viendront des quatre vents

« Ses élus, qui viendront des quatre vents » (Mc 13, 27)

Dans les dernières semaines de l’année liturgique, l’Église nous parle de la fin des temps, de ce que sera le Royaume de Dieu et des critères de sélection pour y entrer. En effet, le Christ, dans ses paroles recueillies dans les Évangiles, nous donne la clé : les pauvres en esprit, les affamés, les persécutés ou ceux qui sont les derniers de ce monde auront la priorité dans le Royaume. Ce sera donc un royaume où il n’y aura ni faim, ni nudité, ni soif de justice, ni persécution. Mais cela ne nous dispense pas d’œuvrer ici et maintenant pour un monde plus juste dans lequel personne ne soit privé des choses les plus nécessaires.

Saint Jean-Paul II, dont nous avons rappelé la mémoire il y a quelques semaines, a vécu dans un monde tumultueux, a souffert de régimes dictatoriaux de droite et de gauche, et a même vécu la chute du mur de Berlin, qui semblait annoncer l’émergence d’un monde nouveau sans les divisions et les confrontations vécues jusqu’alors. En 1990, il déclarait aux ouvriers du Mexique : « L'Église écoute continuellement le même Sermon sur la montagne, prononcé par le Christ. De génération en génération, il proclame l'Évangile, qui est aussi l'Évangile du travail. À notre époque, cet Évangile a acquis une actualité nouvelle, compte tenu des nombreux problèmes de développement socio-économique, des distorsions liées au capital, et de la production et de la distribution des biens, si disproportionnées et injustes, notamment dans certaines régions du monde » (10 mai 1990). Ce sont des mots qui n’ont certainement pas perdu de leur pertinence et qui sont toujours valables aujourd’hui.

Pour l’Église, le Royaume est un don de Dieu, certes, mais il nous appartient, à nous, croyants, d’agir dans l’ordre objectif de la réalité temporelle, guidés par la vérité et la charité, en étant instruments d’une réalisation toujours plus pleine et plus complète de la justice et de la paix et en anticipant ainsi dans le présent le Royaume promis (cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Église , 58).

Saint Jean-Paul II écrivait également en 1991 : « L'Église est consciente que son message social sera rendu crédible par le témoignage des œuvres, plutôt que par sa cohérence et sa logique interne. De cette conscience découle également son option préférentielle pour les pauvres, qui n'est jamais exclusive ni discriminatoire envers d'autres groupes. (...) L'amour de l'Église pour les pauvres (...) la pousse à s'adresser au monde dans lequel, malgré le progrès technique et économique, la pauvreté menace de prendre des formes gigantesques » ( Centesimus Annus , 57).

Il nous est bon de rappeler le grand enseignement, également dans ce domaine, de saint Jean-Paul II, qui a approfondi la pastorale sociale de l’Église et a donné les lignes directrices – que nous suivons également aujourd’hui – pour être ouvriers du Royaume ici et maintenant.

† Frère Octave,
évêque de Gérone