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Nouvelles

Bureau de communication du diocèse de Gérone

Lundi 30 Mars de 2020

Homélie du pape François lors de la prière du 27 mars

« Le soir était venu » (Mc 4, 35). C’est ainsi que commence l’Évangile que nous avons entendu. Depuis quelques semaines, tout semble devenir sombre. Une obscurité dense recouvre nos places, nos rues et nos villes ; Ils ont pris le contrôle de nos vies, remplissant tout d'un silence assourdissant et d'un vide désolé qui paralyse tout sur son passage : cela se perçoit dans l'air, cela se ressent dans les gestes, cela se dit dans les regards. Nous nous retrouvons effrayés et perdus. Comme les disciples de l’Évangile, nous avons été surpris par une tempête inattendue et furieuse. Nous avons réalisé que nous étions dans le même bateau, tous fragiles et désorientés ; mais, en même temps, important et nécessaire, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de se réconforter les uns les autres. Dans ce bateau, nous allons tous. Comme ces disciples qui parlent d’une seule voix et disent avec angoisse : « Nous périssons » (cf. v. 38), nous aussi nous découvrons que nous ne pouvons pas suivre chacun de notre côté, mais seulement ensemble.

Il est facile de s'identifier à cette histoire, le plus difficile est de comprendre l'attitude de Jésus. Alors que les disciples étaient, logiquement, alarmés et désespérés, il est resté en hauteur, dans la partie de la barque qui a coulé en premier. Et qu'est-ce qu'il fait ? Malgré l’agitation, il dormait paisiblement, confiant dans le Père – c’est la seule fois dans l’Évangile où Jésus apparaît endormi. Après qu'ils l'eurent réveillé et qu'il eut calmé le vent et les eaux, il s'adressa aux disciples d'un ton de reproche : « Pourquoi avez-vous peur ? N'avez-vous pas encore la foi ? » (v. 40).

Essayons de le comprendre. Quel est le manque de foi des disciples qui contraste avec la confiance de Jésus ? Ils n’avaient pas cessé de croire en Lui ; en fait, ils l'ont invoqué. Mais voyons comment ils l'appellent : « Maître, cela ne vous dérange-t-il pas que nous coulions ? » (v. 38). Cela ne vous importe pas : ils pensaient que Jésus ne s’intéressait pas à eux, qu’il ne faisait pas attention à eux. Entre nous, dans nos familles, ce qui nous fait le plus mal, c'est quand on entend quelqu'un dire : « Tu ne te soucies pas de moi ? » C'est une phrase qui fait mal et qui déclenche des tempêtes dans le cœur. Cela aura également ébranlé Jésus, car il se soucie de nous plus que quiconque. En effet, une fois invoqué, il sauve ses disciples méfiants.

La tempête dévoile notre vulnérabilité et expose cette fausse et superflue sécurité avec laquelle nous avions construit nos agendas, nos projets, nos routines et nos priorités. Cela nous montre comment nous avons laissé tomber et abandonné ce qui nourrit, soutient et donne de la force à nos vies et à notre communauté. La tempête met à nu toutes les tentatives d’enfermer et d’oublier ce qui a nourri l’âme de nos peuples ; toutes ces tentatives d'anesthésie avec des routines apparemment « salvatrices », incapables de faire appel à nos racines et d'évoquer la mémoire de nos aînés, nous privant ainsi de l'immunité nécessaire pour faire face à l'adversité.

Avec la tempête, la composition de ces stéréotypes avec lesquels nous masquions nos égos, toujours prétentieux et voulant paraître, est tombée ; et a révélé, une fois de plus, cette appartenance commune (bénie) à laquelle nous ne pouvons ni ne voulons nous soustraire ; cette appartenance des frères.

"Pourquoi as-tu peur ?" « Tu n’as toujours pas la foi ? » Seigneur, cet après-midi, ta Parole nous interpelle et s’adresse à nous tous. Dans notre monde, que Tu aimes plus que nous, nous avons progressé rapidement, nous sentant forts et capables de tout. Avides de profit, nous nous sommes laissés absorber par les choses matérielles et nous nous sommes laissés distraire par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés devant vos appels, nous ne nous sommes pas réveillés face aux guerres et aux injustices dans le monde, nous n’avons pas entendu le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué sans être dérangés, en pensant à toujours rester en bonne santé dans un monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous vous supplions : « Réveille-toi, Seigneur. »

"Pourquoi as-tu peur ?" « Tu n’as toujours pas la foi ? » Seigneur, tu nous adresse un appel, un appel à la foi. Qu’il ne s’agit pas tant de croire que Tu existes, mais d’aller vers Toi et d’avoir confiance en Toi. En ce Carême, votre appel urgent résonne : « Revenez à moi de tout votre cœur » (Joël 2, 12). Vous nous appelez à prendre ce temps d’épreuve comme un moment de choix. Ce n’est pas le moment de votre jugement, mais celui de notre jugement : le moment de choisir entre ce qui compte vraiment et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. Il est temps de rétablir le sens de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. Et nous pouvons regarder tant de compagnons de route qui sont exemplaires, puisque, face à la peur, ils ont réagi en donnant leur propre vie. C’est la force agissante de l’Esprit répandue et incarnée dans des offrandes courageuses et généreuses. C'est la vie de l'Esprit capable de sauver, de valoriser et de montrer comment nos vies sont tissées et soutenues par des personnes ordinaires, généralement oubliées, qui n'apparaissent pas sur les couvertures des journaux et des magazines, ni sur les grands podiums du dernier défilé, mais qui, sans aucun doute, écrivent aujourd'hui les événements décisifs de notre histoire : médecins, infirmières, responsables du réapprovisionnement des supermarchés, agents de nettoyage, aides-soignants, transporteurs, forces de l'ordre, bénévoles, prêtres, religieux et tant d'autres qui ont compris que personne ne se sauve seul. Face à la souffrance, là où se mesure le véritable développement de nos peuples, nous découvrons et expérimentons la prière sacerdotale de Jésus : « Que tous soient un » (Jn 17, 21). Combien de personnes font preuve chaque jour de patience et insufflent de l’espoir, en veillant à ne pas semer la panique mais plutôt la coresponsabilité. Combien de pères, de mères, de grands-parents et d’enseignants montrent à nos enfants, par de petits gestes quotidiens, comment affronter et traverser une crise en réajustant les routines, en levant les yeux et en encourageant la prière. Combien de personnes prient, offrent et intercèdent pour le bien de tous. La prière et le service silencieux sont nos armes victorieuses.

"Pourquoi as-tu peur ?" « Tu n’as toujours pas la foi ? » Le début de la foi est de savoir que nous avons besoin du salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; Nous coulons tout simplement. Nous avons besoin du Seigneur comme les anciens marins avaient besoin des étoiles. Nous invitons Jésus dans la barque de notre vie. Abandonnons-Lui nos peurs, afin qu’Il puisse les surmonter. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec Lui à bord, nous ne ferons pas naufrage. Car c’est là la force de Dieu : transformer tout ce qui nous arrive, même le pire, en quelque chose de bien. Il apporte la sérénité à nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.

Le Seigneur nous interpelle et, au milieu de notre tempête, nous invite à réveiller et à activer cette solidarité et cette espérance qui sont capables de donner solidité, contenance et sens à ces heures où tout semble sombrer. Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. Nous avons une ancre : dans sa Croix nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : dans sa Croix nous avons été sauvés. Nous avons une espérance : dans sa Croix nous avons été guéris et accueillis afin que personne ni rien ne puisse nous séparer de son amour rédempteur. Au milieu de l’isolement où nous souffrons du manque d’affection et de rencontres, où nous éprouvons le manque de tant de choses, nous entendons à nouveau l’annonce qui nous sauve : Il est ressuscité et vit à nos côtés. Le Seigneur nous invite depuis sa Croix à redécouvrir la vie qui nous attend, à regarder ceux qui nous appellent, à valoriser, à reconnaître et à encourager la grâce qui habite en nous. N’éteignons pas la flamme du blé hésitant (cf. Is 42, 3), qui ne tombe jamais malade, et laissons-la raviver l’espérance.

Embrasser sa Croix, c’est nous encourager à embrasser toutes les adversités du temps présent, en abandonnant un instant notre désir de toute-puissance et de possession pour laisser place à la créativité que seul l’Esprit est capable d’évoquer. Il est encourageant de motiver des espaces où chacun peut se sentir invité et permettre de nouvelles formes d’hospitalité, de fraternité et de solidarité. Dans sa Croix nous avons été sauvés pour abriter l’espérance et qu’elle soit celle qui renforce et soutient toutes les mesures et tous les chemins possibles qui nous aident à prendre soin de nous-mêmes et à prendre soin des autres. Embrassez le Seigneur pour embrasser l’espoir. C’est la force de la foi, qui libère de la peur et donne de l’espoir.

"Pourquoi as-tu peur ?" « Tu n’as toujours pas la foi ? » Chers frères et sœurs, de ce lieu qui nous parle de la foi de Pierre, solide comme un roc, je voudrais cet après-midi vous confier tous au Seigneur, par l'intercession de la Vierge Marie, salut de son peuple, étoile de la mer agitée. Que la bénédiction de Dieu descende sur vous, comme une étreinte consolante, de cette colonnade qui embrasse Rome et le monde. Seigneur, bénis le monde, donne la santé aux corps et réconforte les cœurs. Vous nous demandez de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous avons peur. Mais toi, Seigneur, ne nous abandonne pas à la merci de la tempête. Répétez encore : « N’ayez pas peur » (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre, « nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous » (cf. 1 P 5, 7).

Photo : Vatican Media

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