
Le pape François nous a offert un message pour nous aider à vivre cette journée cette année. Présenter et commenter brièvement votre message est la meilleure façon de comprendre la raison de la journée.
L'histoire de « nous »
Dans la lettre « Nous sommes tous frères » ( Fratelli tutti ), le pape exprime une préoccupation et un désir : qu'une fois la crise sanitaire surmontée, la pire réaction soit de tomber dans une fièvre consumériste et de nouvelles formes d'égoïsme. Espérons qu'à la fin, il n'y aura plus « les autres », mais seulement un « nous ».
Il est parfaitement entendu que « les autres » sont des immigrants, des réfugiés, ceux qui ne font pas partie de notre famille, de notre gang, de notre pays... ou de l'Occident. C'est pourquoi la première attitude est qu'ils sont tous « nous ».
Nous avons tous souvent parlé et entendu parler des « autres » lorsque nous faisons référence aux immigrants dans notre pays, ou lorsque nous discutons de la situation de ceux qui vivent dans la pauvreté dans les camps de réfugiés. Nous devons nous sentir identifiés à eux : ils sont « l’un des nôtres ». C’est une attitude fondamentale : passer des « autres » au « nous ».
Le Pape nous rappelle que depuis le commencement Dieu a pensé à un « nous », à un peuple, et que Jésus-Christ est mort et ressuscité pour que nous soyons tous un. Et il est clair que désormais le « nous » voulu par Dieu est brisé, fragmenté, blessé et défiguré, surtout en cette période de pandémie. Les nationalismes fermés et agressifs et l’individualisme radical fragmentent également le « nous » dans le monde et dans l’Église elle-même. Le prix le plus élevé est toujours payé par ceux qui sont réduits à la catégorie des « autres » : étrangers, immigrés, marginalisés… qui vivent dans les périphéries existentielles.
Cette journée nous invite à dépasser les murs qui nous séparent et à œuvrer pour un « nous » qui inclut tout le monde.
Une Église de plus en plus catholique
Pour nous qui sommes catholiques, cette exigence est un engagement à devenir toujours plus ce que nous sommes : « catholiques », c’est-à-dire « universels ». La catholicité de l’Église est une réalité qui doit être vécue à chaque instant de l’histoire.
Aujourd’hui, l’Église se sent appelée à sortir dans les rues des périphéries existentielles pour guérir ceux qui sont blessés et chercher ceux qui sont perdus, sans préjugés ni peur, sans prosélytisme, prête à accueillir tout le monde. Parmi ceux qui vivent dans des situations de marginalisation, nous trouvons de nombreux réfugiés et immigrés, des personnes déplacées et d’autres victimes de l’exploitation humaine, à qui Dieu veut que son amour se manifeste et que le salut soit annoncé.
Un monde de plus en plus inclusif
L’objectif est de travailler pour toujours prendre des décisions en pensant à la grande famille humaine, et pas seulement à certaines parties de cette famille. Nous devons construire ensemble les institutions gouvernementales et aussi les communautés les plus locales, ainsi qu’un avenir de justice et de paix, en veillant à ce que personne ne soit exclu.
L’idéal est l’image de la « nouvelle Jérusalem » de l’Apocalypse et d’Isaïe, dans laquelle tous les peuples sont unis dans la paix et l’harmonie, célébrant la bonté de Dieu et les merveilles de la création.
Que pouvons-nous faire ?
Changer notre regard et notre perception des immigrants et des réfugiés en les considérant comme des frères et sœurs en quête d’une vie digne.
De constater que ce n’est pas seulement « un problème pour les gouvernements des États », mais aussi pour chacun d’entre nous. Nous devons, chaque fois que possible, favoriser les ponts pour faciliter la culture de la rencontre.
Et collaborer avec les institutions qui accueillent et se soucient des besoins des immigrants et des réfugiés.
Francisco Pardo i Artigas
Évêque de Gérone