
Cette année, il m’a semblé que le témoignage de deux missionnaires peut nous aider à mieux comprendre les missions et à nous sentir responsables d’elles.
Comment offrez-vous ce que vous avez vu et ressenti lorsque vous étiez à Dapaong, un évêché dans un pays de mission ?
Lun. Prosper Mibé Lare est un prêtre de 38 ans, originaire de l'évêché de Dapaong (Togo, Afrique), un diocèse fondé par des missionnaires il y a seulement 56 ans. Actuellement, M. Mibé étudie à la Faculté de Théologie de Catalogne pour obtenir une licence en Écriture Sainte et aide dans les paroisses d'Arenys. Il est ordonné depuis six ans.
Il nous dit : « La première chose que je voudrais exprimer, d'après ce que j'ai vu et entendu, est une profonde gratitude envers le Seigneur pour le travail et la vie des missionnaires. Ces œuvres constituent les principaux piliers du développement intégral de notre région et du Togo, avec la transmission de la foi par l'annonce de l'Évangile, la construction d'églises et de chapelles, d'écoles, d'hôpitaux, de centres de formation pour les jeunes, de centres d'alphabétisation, etc.
Quant à moi, mon témoignage d’expérience missionnaire se situe à deux niveaux : la vie et l’apostolat.
D’une part, il y a la vie vécue en communauté sacerdotale au sein de la paroisse.
En ce qui concerne l’apostolat, je soulignerai la prédication, la catéchèse, les cours de religion, l’accompagnement de groupes de prière ou de mouvements catholiques, les campagnes d’évangélisation et, bien sûr, les célébrations liturgiques et l’administration des sacrements de l’Église, qui furent pour moi des occasions de partager avec mes frères et sœurs les dons reçus de Dieu.
Ce qui ressort le plus de la vie missionnaire, c'est le profond sens de la fraternité, qui fait que l'œuvre d'évangélisation s'inscrit toujours dans une communauté croyante.
Josep Frigola Ribas
Il est missionnaire en Afrique depuis un demi-siècle : 20 ans au Burkina Faso dans trois paroisses et 30 ans au Niger, dans trois paroisses et un centre socio-éducatif diocésain. Voici leur témoignage : « Ce n’est pas parce que nous avons décidé de quitter notre famille, notre pays et de partir loin que nous pouvons croire que nous avons tout gagné. » La vocation missionnaire est un don de Dieu. Elle naît et grandit en chaque personne et se réalise à travers un témoignage de vie fidèle et quotidienne. Nous ne pouvons pas compter uniquement sur nos bonnes intentions ou sur nos capacités. Nous ne pouvons pas non plus nous laisser emporter par les sentiments et les émotions. Ce qui compte, c’est l’expérience de croire en Jésus, de le suivre et de transmettre aux autres qu’il est le Chemin, la Vérité et la Vie.
Pour profiter d’une bonne expérience comme pour la transmettre, il faut avoir des yeux, des oreilles, un esprit sain et un cœur généreux. Nous devons voir, écouter, comprendre et aimer. Mais transmettre un message nécessite toujours un lien particulier avec les gens et leur culture. Transmettre et témoigner de la foi chrétienne exige de respecter, de dignifier et de conduire les personnes vers une libération intégrale. C'est tout un processus qui vise à rendre plus facile de voir avec ses propres yeux et d'entendre avec ses propres oreilles. C’est pourquoi il faut parler les langues locales et inculturiser l’Évangile.
En tant que missionnaire, en Afrique et ici, j’ai eu la chance de vivre trois expériences différentes et enrichissantes. Le premier, au Burkina Faso, m’a plongé dans un monde de religion traditionnelle, en partie islamisée, et aussi avec des communautés de baptisés et de catéchumènes. Ces années ont été marquées par une grande activité pastorale et une première évangélisation. La deuxième expérience, au Niger, pays islamisé, a nécessité la même connaissance de la langue et des coutumes. La transmission du message s’est faite à travers des contacts avec des individus et des petites communautés. Le témoignage de solidarité et d’aide sociale à l’ensemble de la communauté humaine était essentiel. De retour ici, chez nous, il me semble qu'il y a suffisamment de racines, mais il manque de nouvelles pousses et des fruits vigoureux. Seul un nouvel élan missionnaire, ouvert à l’ensemble de la société, pourra garantir que, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, les gens croient à ce que nous avons vu et entendu.
Francisco Pardo i Artigas
Évêque de Gérone