
Ce dimanche, dans l'Église, nous célébrons la 5ème Journée mondiale des pauvres, instituée par le pape François avec le désir de nous rappeler que les pauvres sont les premiers destinataires de l'Évangile, les préférés de Jésus, et qu'ils doivent donc être aussi les nôtres, et pas seulement un jour, mais tous les jours.
Le Pape nous a offert un message pour nous aider à réfléchir sur cette journée, et il s'intitule avec cette expression de Jésus : « Vous avez toujours des pauvres avec vous. » Jésus prononça ces paroles lors d'un repas à Béthanie, chez un certain Simon « le lépreux », lorsqu'une femme versa sur sa tête un parfum de grande valeur. Ce geste a suscité plusieurs commentaires de la part des personnes présentes au repas.
Le premier commentaire fut un commentaire d’indignation, comme l’explique Saint Jean. Judas se plaignit parce que ce parfum aurait dû valoir environ 300 deniers – le salaire d’un ouvrier pendant un an – et qu’il aurait pu être vendu et l’argent donné aux pauvres. Le commentaire de Saint Jean indique que Judas a dit cela non pas pour favoriser les pauvres, mais parce qu'il volait de l'argent dans la bourse commune.
Le deuxième commentaire est de Jésus lui-même, et nous permet de saisir le sens profond du geste accompli par la femme. Il a dit : « Laissez-la tranquille ! » Pourquoi la déranges-tu ? Il a fait une bonne action envers moi. » Jésus semble leur rappeler que le premier pauvre, c'est lui, car il les représente tous. Et c'est au nom de tous les pauvres, des personnes seules, marginalisées et discriminées, qu'il accueille le geste de cette femme.
Le Pape rappelle la présence significative des femmes qui participent aux moments culminants de la vie du Christ : la crucifixion, la mort, l'ensevelissement et la résurrection. Les femmes, si souvent tenues à l’écart des postes de responsabilité, sont, selon l’Évangile, protagonistes de l’histoire de la révélation.
Il nous est également révélé que le visage de Dieu que Jésus nous montre est celui d’un père pour les pauvres et proche d’eux. Nous ne la trouvons pas quand et où nous le voudrions, mais nous la reconnaissons dans la vie des pauvres, dans leur souffrance et leur dénuement dans les conditions, souvent inhumaines, dans lesquelles ils sont contraints de vivre.
Les pauvres ne sont pas des personnes extérieures à la communauté, mais des frères et sœurs avec qui partager la souffrance pour soulager leur mal-être et leur marginalisation, pour restaurer leur dignité perdue et assurer leur nécessaire inclusion sociale.
L’aumône est occasionnelle, tandis que le partage engendre la fraternité et est une action durable.
Le regard du Pape sur les pauvres est très ouvert, allant de la pauvreté des biens matériels à la pauvreté des malades, des immigrés, de ceux qui se retrouvent sans travail et sans ressources pour une vie digne. Nous devons – dit-il – être attentifs aux nouvelles formes de pauvreté que connaît l’humanité. Il évoque même la pauvreté des riches, qui ont de l’argent mais sont peut-être pauvres en humanité et en solidarité.
Le Pape souhaite que la Journée mondiale des pauvres, qui en est à sa cinquième édition, s’enracine toujours plus dans nos Églises. Nous avons hâte qu'ils frappent à notre porte. Il est urgent d’aller les chercher chez eux, dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite et les maisons de repos, dans les rues et les coins sombres, dans les refuges et les centres d’accueil.
Rappelons-nous que nous aussi nous sommes pauvres, peut-être pas en biens, car c’est seulement alors que nous les reconnaîtrons et qu’ils feront partie de notre vie.
Demandons-nous : que fais-je pour les pauvres dans leurs besoins ?
Francisco Pardo i Artigas
Évêque de Gérone