Quelques lettres de l'évêque (2 mars) : Enlève d'abord la poutre de ton œil

« Enlève d'abord la poutre de ton œil » (Luc 6:42)

Nous sommes aux portes du Carême, temps de préparation à la célébration de Pâques, qui est le centre de l’année liturgique, où nous célébrons la passion, la mort et la résurrection du Christ, objet de notre foi. Ce temps est toujours considéré comme un temps de conversion, il rappelle les quarante jours pendant lesquels Jésus était dans le désert, subissant les tentations du malin ; une quarantaine de jours qui nous rappellent les quarante années durant lesquelles le peuple d'Israël a cheminé vers cette terre que Dieu lui avait promise lorsqu'il fut libéré de l'esclavage.

C'est pourquoi ce temps se présente comme un chemin vers notre propre conversion, un chemin vers la participation à la victoire du Christ sur la mort, qui doit être pour nous un chemin vers le dépassement de nos propres morts quotidiennes, celles dans lesquelles nous laissons un peu glisser notre vie de croyants pour succomber à tout ce qui nous est présenté comme un réconfort, et qui en fait ne l'est pas. Croire en Christ, c’est faire un investissement à long terme ; Tomber dans la tentation de valoriser les petits plaisirs qui nous donnent satisfaction par-dessus tout, c’est rechercher un rendement élevé à court terme qui n’est pas toujours, voire presque jamais, un bon investissement.

Nous investissons dans notre conversion lorsque nous nous détournons de tout ce qui nous éloigne de Dieu et de ses commandements. Nous avons un bon point de repère lorsque nous analysons la façon dont nous voyons et jugeons nos frères. Dieu nous invite à voir dans les autres, à voir dans notre prochain, son image ; mais ce que nous voulons presque toujours voir, c’est l’image que nous avons de l’autre, qui n’est pas toujours positive ou juste. Nous classons, refusons le droit de rectifier et condamnons avec une certaine légèreté. Ce n’est pas ce à quoi le Christ nous invite, bien au contraire. Il nous montre par l’exemple comment aimer, Il le fait à l’extrême et nous ne pouvons pas atteindre ce niveau d’amour, mais cela ne veut pas dire que nous ne devons pas essayer.

Le Carême est toujours une nouvelle occasion d’aimer. Quand, le mercredi des Cendres, on nous rappelle soit que nous sommes poussière et que nous retournerons à la poussière, soit que nous devons nous convertir et croire à l’Évangile, il ne s’agit pas d’avoir peur avec la certitude de la finitude de cette vie, il s’agit de la vivre comme un chemin vers le Christ, en savourant chaque étape de la vie ; et nous ne pouvons vraiment en profiter que si nous aimons Dieu et nos frères et sœurs.

Le Carême et Pâques forment un seul temps, vivons-le plus intensément en cette année jubilaire, comme un véritable chemin vers l’espérance, cette espérance qui ne trompe pas et qui ne peut venir que du Christ.

+ Frère Octave,
évêque de Gérone