Quelques lettres de l'évêque (27 avril) : Heureux ceux qui croient sans avoir vu

« Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jean 20:29)

Avec ce deuxième dimanche de Pâques ou dimanche de la Divine Miséricorde, nous concluons la solennité de Pâques et commençons le temps pascal. Cette année, cela coïncide avec le 27 avril, jour où nous célébrons traditionnellement Notre-Dame de Montserrat, notre sainte patronne. Bien que liturgiquement nous célébrions cette fête le lundi, parce que la Pâque du Seigneur est la plus grande des solennités et que cette année Marie cède la vedette à son Fils, nous ne pouvons pas oublier que cette année nous célébrons le millénaire du monastère de Montserrat, le véritable cœur spirituel de nos terres.

Marie est la première des disciples, celle qui a écouté le plus attentivement les paroles de Jésus et celle qui l’a suivi la première. Elle est la disciple et la mère, celle qui le porte dans son ventre, l'élève, l'éduque et finalement l'accueille mort dans ses bras. C’est pourquoi Marie est vénérée sous tant d’invocations sur tout notre territoire et dans le monde entier. La vierge brune est vénérée depuis longtemps dans le massif de Montserrat, et dans son enceinte une communauté monastique la prie tout au long de la journée, lui demandant d'intercéder auprès de son Fils et de nous bénir.

Marie et les moines, Marie et la vie monastique, sont deux réalités de notre Église, toujours très proches. La dévotion à Marie a été un trait caractéristique de la vie monastique depuis le début et cette relation acquiert un rôle fondamental à Montserrat. Qui n’a pas un jour élevé sa supplication ou son regard vers la vierge brune ? Qui ne s'est pas senti chez lui en montant à Montserrat pour rendre visite à notre Mère et sainte patronne ?

Cette proximité avec Marie, sous l’invocation de Montserrat, participe de l’enracinement de la foi chrétienne dans nos terres. Elle est l'ambassadrice du Christ parmi nous et à travers elle et avec elle nous sentons le Christ plus proche. La foi de Marie nous sert d’exemple et de modèle. Marie accueille en elle le Verbe, devenant ainsi porteuse de l’Évangile, de celui qui est le Verbe.

Marie est heureuse d’avoir cru et d’avoir vu. Ayant vu le Christ, elle est pour nous une intercesseuse aimante et attentionnée, un refuge pour notre foi, une foi qui ne nous vient pas du fait d'avoir vu, mais plutôt d'avoir entendu et suivi la tradition, la foi de ceux qui nous ont précédés. Montserrat est le foyer de notre foi, notre Sinaï, où tradition et présent se rencontrent.

Que Notre-Dame de Montserrat nous éclaire dans notre pèlerinage vers le Christ, son Fils et notre Seigneur.

+ Frère Octave,
évêque de Gérone