Quelques lettres de l'évêque (21 septembre) : Nul ne peut servir deux maîtres

« Nul ne peut servir deux maîtres » (Luc 16:13)

Parfois, la foi entre en contradiction avec les attitudes humaines, comme s'ils étaient deux maîtres à servir. La marche de l'histoire nous est souvent présentée comme une avancée inéluctable, souvent qualifiée de progrès. Ce chemin ne correspond pas toujours à la définition exacte du terme, qui désigne l'action d'avancer, de progresser d'un degré à un autre. Il convient de se demander souvent ce qui définit un degré comme supérieur à un autre.

Nous célébrons l'Année jubilaire consacrée à l'espérance. La foi, l'espérance et la charité constituent les trois vertus théologales. Ces vertus constituent le fondement des vertus humaines, se réfèrent directement à Dieu et nous préparent à vivre en relation avec lui, car c'est en lui qu'elles trouvent leur origine et qu'en lui elles fondent, animent et caractérisent la vie du chrétien.

On parle souvent de valeurs, de leur perte, de leur relâchement ou de la substitution de certaines valeurs à d'autres. La foi nous pousse plus loin, tout comme elle nous permet de dépasser l'idée que la société se fait du progrès ; nous remontons à sa racine, qui trouve son origine et son fondement dans le Christ. De son enseignement, de ses paroles et de sa vie, nous avons appris à considérer la vie comme un don de Dieu, un don qui ne se limite pas à l'existence limitée et finie que nous connaissons ici et maintenant, mais qui va au-delà. Comme le dit saint Paul, nous sommes devenus enfants de Dieu avec le Fils et « si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, car si nous souffrons avec lui, nous serons aussi glorifiés avec lui » (Rm 8,17).

Selon les mots du pape François : « Le grand don des vertus théologales est l'existence vécue dans l'Esprit Saint. Le chrétien n'est jamais seul. Il fait le bien non pas par un effort titanesque d'engagement personnel, mais parce que, humble disciple, il marche à la suite du Maître Jésus. Il avance sur le chemin. » (24 avril 2024).

Le Christ, maître de vie, nous montre qu'en vivant profondément la foi, manifestée par la charité et le regard fixé sur l'espérance, nous pouvons approfondir ce qui est vraiment important, ce qui n'arrive pas, ce qui constitue ce degré véritablement supérieur, le véritable progrès. Le pape Benoît XVI a dit : « L'histoire a un but, une direction. L'histoire va vers l'humanité unie dans le Christ, elle va vers l'homme parfait, vers l'humanisme parfait. Autrement dit, saint Paul nous dit : oui, il y a progrès dans l'histoire. Si nous le voulons, il y a évolution de l'histoire. Le progrès est tout ce qui nous rapproche du Christ et, par conséquent, de l'humanité unie, du véritable humanisme. » (4 janvier 2006).

+ Frère Octave,
évêque de Gérone