
Faire germer le Royaume, telle est la tâche de l'Église. Ce dynamisme conduit à une meilleure compréhension et à un meilleur partage de la vie de foi, que l'on rencontre sur son chemin et qui n'est pas exempt d'obstacles et de difficultés. Il s'agit de rester attentif aux circonstances qui nous entourent et de faire de la conversion l'axe central du Royaume, car, comme le dit le Concile Vatican II, « l'Église a toujours le devoir de discerner les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile » (GS4). Il s'agit de vivre cette proposition comme un signe d'espérance au milieu de tant de désillusions, de sécularisation et de transition du modèle ecclésial dans lequel nous nous trouvons plongés en ce début de XXIe siècle. Il s'agit de rendre grâce pour les dons de Dieu en chaque personne, dans son expérience de foi vécue. Tel serait le résumé de la tâche que j'ai été chargé de coordonner dans trois domaines différents, mais qui ont en même temps le même centre : les personnes, qu'elles soient prêtres ou laïcs. Le clergé, l’apostolat séculier et l’organisation territoriale doivent être capables de donner une proposition de renouveau vivant, qui fonde la mission, porte en elle la synodalité et un sens ferme d’appartenance à une communauté, et pas seulement à une paroisse.
Cette proposition va au-delà du simple accompagnement, et même au-delà des actions concrètes et organisationnelles. Elle ne se veut donc pas un simple ensemble d'expressions territoriales, mais un style de vie de la foi en communautés, en équipes pastorales dans un espace spécifique, au-delà de la paroisse elle-même. Comme l'a dit le pape François, « le tout est plus que la partie, et il est aussi plus que la somme de ces parties. (...) Nous travaillons sur des petites choses, sur des choses proches, mais avec une perspective plus large » (EG 235).
L'Église est toujours proche de l'humain, de la vie, du quotidien. Malgré les contradictions de notre existence, nos échecs et nos péchés, nos erreurs humaines. Plus que de fixer des objectifs précis et un délai, il nous faut définir un style d'approche de Dieu, de sa réalité et, en même temps, des personnes. Ce n'est pas un terme, mais un chemin sur lequel nous nous trouvons tous ensemble : Dieu, la communauté chrétienne et le territoire où l'on vit et exprime sa foi. Vivre en Dieu et pour Dieu dans mon histoire, et vivre de l'imperfection de la vie des gens. Dans la conversion, dans la miséricorde, dans l'accueil, dans l'accompagnement de chacun, pour cheminer ensemble. Ce n'est jamais un chemin linéaire, c'est toujours un zigzag avec de nombreux détours, des hauts et des bas, des succès et des échecs ; mais en gardant toujours ferme l'espérance de la présence et de l'action de l'Esprit de Dieu dans ce cheminement à travers la vie de l'Église de Gérone. Il ne s’agit jamais de créer des besoins ou une dépendance, mais de répondre aux changements des « signes des temps », à partir de la vulnérabilité de sa propre existence humaine, mais en faisant le chemin ensemble, avec et pour les autres.
Monseigneur Jordi Reixach et Massachs
Vicaire épiscopal pour le clergé, l'apostolat séculier et l'organisation territoriale